mercredi 12 octobre 2016

« La montagne est un bien commun, pas un terrain de jeux ! »


Corinne Morel Darleux, conseillère régionale d’Auvergne Rhône Alpes (RCES)
Pierre Meriaux, conseiller municipal délégué à la Montagne de la ville de Grenoble

Le congrès de l’association nationale des élus de montagne (Anem) débute demain à Saint Dié les Vosges. Ce congrès a lieu entre élus uniquement, et il est sponsorisé par de grands groupes privés, deux bonnes raisons pour nous de ne pas y participer. Il nous paraît pour autant essentiel de faire entendre une autre voix, tournée vers l'extérieur celle-là, et de saisir l’occasion de revenir sur ce territoire particulier, si riche et pourtant si fragile, qui couvre 30% du paysage français. Trop nombreux encore sont hélas les décideurs politiques et économiques à avoir une vision purement mercantile de la montagne.
La montagne a de tout temps représenté pour les civilisations humaines un lieu de conquêtes et de dépassements humains, des lieux de défense et de protection où placer des fortifications et implanter des villages, des espaces de silence d'où voir au loin, prendre du recul et surplomber le monde. Elle est la source de nos fleuves et rivières, lieu de biodiversité et réserve de services écosystémiques, territoire où se mêlent tout à la fois pastoralisme, tourisme, randonnées et nature sauvage.
La montagne est un espace à la fois vulnérable et précurseur. Elle est l’amont, notre vigie, et vit en première ligne de nombreuses évolutions. Elle est notamment en première ligne des impacts du dérèglement climatique et fait l'objet de nombreuses études scientifiques. Les politiques de montagne doivent être conçues en lien avec ces travaux, dans l'intérêt général, avec une vision du futur. Elles se doivent d'être innovantes et réactives. Parce que la montagne ouvre la voie, tout ce que nous y réussirons aura les meilleures chances de réussir ailleurs et d'irriguer l'ensemble du territoire national. Pour toutes ces raisons, la montagne doit bénéficier d’attentions particulières de la part des politiques.

Mettre l’humain au centre, oui. Le munir des seuls fusils et canons, non.

Or en Auvergne Rhône Alpes, région la plus montagneuse de France, les décisions ne vont pas dans le bon sens. Laurent Wauquiez met à mal la politique des Parcs naturels régionaux (PNR), leur fonctionnement, leurs moyens, voire jusqu'à leur existence pour ce qui est du PNR du Haut Allier. L’attribution de 3 millions d’euros aux chasseurs pour mener la politique environnementale de la Région est une nouvelle source d'inquiétudes. L’usage de nos espaces et ressources doit faire l'objet d'une concertation large, multipartite, tenant compte de la diversité de ses acteurs. Mettre l’humain au centre, oui. Le munir des seuls fusils et canons, non. Las, le responsable Montagne de Laurent Wauquiez, Gilles Chabert, semble privilégier sa fonction de président du syndicat des moniteurs de ski à sa mission d'élu régional. La notion de conflit d’intérêt semble lui demeurer tout à fait obscure.
Si le Vice-président au tourisme tente de pallier ce manque en affichant dans son discours une volonté de faire vivre la montagne des 4 saisons, les actes hélas, et les budgets alloués, tardent à suivre. Au final, et après dix mois d'exercice, les signes sont clairs : c’est bien la neige artificielle et le marché des sports d'hiver qui a l'apanage de la majorité qui dirige la Région. Plus de 200 millions d’euros d’argent public ont ainsi été mobilisés pour l’installation de canons à neige. Consommation d'eau, d'énergie, endettement des stations et hausse des tarifs : l’installation de ces artifices dans un écosystème fragile ne rend service ni aux habitants, ni à la nature. Et concentrer l’argent public, dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est de plus en plus rare, sur 3 % du territoire de montagne au bénéfice des seuls 7 % de la population qui skient encore est pour le moins discutable !

Sortir des années 70. Penser l'avenir.

Nous ne sommes plus dans les années 70. Ignorer délibérément le réchauffement climatique et la baisse de l'enneigement n'est ni sérieux, ni responsable. Ce dont ont besoin les territoires de montagne, c'est d'une vision politique qui anticipe et allie développement économique, tourisme et accueil à l’année, en prenant en compte ces nouvelles données climatiques. Qui n'oublie pas les services publics de proximité, les activités de pastoralisme, les besoins des habitants qui vivent de et en montagne toute l'année. Une vision d'avenir, c'est développer la vraie diversité des activités de pleine nature, un tourisme de proximité plutot que de courir vainement dans la compétition aux clients les plus fortunés, une politique qui préserve les atouts de la montagne non aménagée, s'articule avec les espaces valléens, pense l'urbanisation et le transport en tenant compte des impératifs de santé publique et de qualité d'un air déjà saturé par la pollution atmosphérique. Dans ce cadre, le soutien de la nouvelle Région au Lyon-Turin était déjà un très mauvais signal : ce projet risque d’engouffrer des sommes colossales, de mettre en péril la montagne, il regorge de conflits d'intérêts et ne résoudrait de toute façon rien en matière de pollution avant de très longues années. Pourtant des alternatives existent sur la voie ferrée actuelle, occupée à 17 % de sa capacité seulement !

Loi Montagne : Prendre la bonne piste.

Il y a pourtant urgence, et ces questions sont d’autant plus d’actualité que la Loi Montagne est en cours de révision à l’Assemblée Nationale. Si ce cadre législatif a été essentiel depuis sa création en 1985, il manque aujourd’hui d'ambition. Pourtant le rapport « Laclais-Genevard » comportait quelques avancées, que nous avions soutenues : disparition de la niche fiscale « Censi-Bouvard » pour les logements neufs, soutien à la diversification des activités, souci de maîtrise des nuisances motorisées en montagne...
Mais les lobbies ont fait leur travail de sape, et le projet de loi est à l’heure actuelle quasiment muet sur des questions stratégiques majeures, ce que relève d'ailleurs le Conseil Economique, Social et Environnemental dans son avis très critique. Ce projet de loi développe une vision qui reste de moyen terme sur l’adaptation au changement climatique. Il ne traite pas la question des dizaines de milliers de « lits froids » en stations (logements touristiques restant vacants la majeure partie de l’année) ni celle de la réhabilitation ou destruction des constructions effectuées dans les années 70/80, dont l’impact sur la qualité des sites est souvent catastrophique.

Ce congrès de l’ANEM et ce débat national sur la Loi Montagne doivent donc impérativement prendre enfin la bonne piste, celle de l'avenir, et considérer la montagne comme un bien commun à protéger, et non un terrain de jeux à exploiter. Une autre montagne est possible !

dimanche 20 mars 2016

Pierre Hérisson prend le pouvoir sur le Parc Naturel Régional du Massif des Bauges

Suite aux élections municipales de 2014, comme 1ère vice-présidente du Parc Naturel Régional du Massif des Bauges, je m'opposais à la création d'un poste de vice-président pour M. Pierre Herisson (à 420 € par mois) car il laissait sa place de sénateur. Il était cependant élu en Comité Syndical à quelques voix près. Il vient de prendre sa revanche en obtenant de Philippe Gamin, Président du PNR des Bauges, de me retirer la présidence de la commission Energie.
En 2010, quand j'ai été élue vice-présidente région au Parc, j'ai obtenu le financement par la région, d'un poste dédié au plan climat, à la mobilité et l'énergie. Suite à l'embauche d'un chargé de mission, nous avions créé une nouvelle commission dont le président de l'époque, André Guerraz, me refusait la présidence car une conseillère régionale ne pouvait être également présidente de commission. Pourtant, le bureau me l'accordait sur un compromis de co-présidence avec Marcel VERNEY.
Cette commission a travaillé, sur le Plan Climat Territorial du PNR, sur la mobilité et enfin nous avons obtenu d'être territoire à énergie positive TEPOS par la Région en entraînant avec nous les agglomérations de Chambéry et Annecy. Puis nous devenons Territoire à Energie Positive et Croissance Verte TEPCV au niveau national, et la venue du Président de la République, en août 2015, pour signer lui même la convention.
Les présidents de commissions peuvent être des citoyens, des partenaires, des élus. Je suis toujours élue au comité  syndical car je suis déléguée par ma commune Faverges-Seythenex et peux conserver la présidence de la commission énergie comme je le souhaite, mais on me l'a retirée pour l'offrir à un nouveau conseiller régional, fait sans précédent au Parc.
Quand j'étais Conseillère Régionale, je ne pouvais pas avoir la présidence de cette commission, et je l'ai obtenue par reconnaissance du bureau pour le travail fait pour que cette commission existe et maintenant on l'offre à un nouveau conseiller régional qui n'aura rien fait, ni même demandé. On m'explique que c'est pour créer de bonnes relations avec la nouvelle majorité du conseil régional. Pourtant en d'autres temps on avait donné une commission à Léone MARTIN-RETORD à la fin de son mandat de conseillère régionale alors qu'elle était à l'UMP, que la majorité régionale était à gauche et qu'elle n'était ni membre du comité syndical, ni même habitante du PNR. Les règles évoluent en fonction de qui le président veut choisir comme vice-président ou comme président de commission. On fait une place à 420 € par mois à Pierre Hérisson qui n'est que le représentant d'une ville-porte et on "vire" la représentante de la plus grosse commune du Parc même si elle est à l'origine de cette commission car elle est écologiste. la démocratie n'est pas de mise au PNR.
Alors que le président ne savait pas vraiment me justifier le motif de ce retrait si ce n'est que je n'étais plus conseillère régionale; avant je ne pouvais pas l'avoir parce que justement j'étais conseillère régionale !! c'est Pierre Hérisson qui a tranché : "Mais M. le Président, vous pouvez retirer les présidences de commissions quand vous voulez." La règle n'est pas écrite, j'avais été élue par le bureau mais P. Herisson tient sa vengeance.
Je reste au comité syndical car les élus de la commune Faverges-Seythenex m'ont confié cette délégation mais je pense que cet épisode, révélateur de la gouvernance du PNR, doit être connu des citoyens.
Mercredi prochain les dix nouveaux conseillers régionaux vont désigner leur nouveau vice-président et deux membres pour le bureau. Alors qu'en 2010, la majorité de gauche laissait une place pour la droite dans ce bureau par respect démocratique , en sera-t-il de même quand c'est une majorité de droite ?