Jeudi 15 mai, le Dauphiné Libéré
annonçait le très mauvais score d'Annecy au classement par
l'Organisation Mondiale de la Santé des villes les plus polluée. Le
maire et l'adjoint à l'environnement de la ville d'Annecy invoquent
des mesures prises au mauvais moment, au mauvais endroit et pas sur
les bons polluants. Pourtant, les faits sont.là.
Je m'étonne que l'on
s'étonne. Pour qui suit régulièrement les mesures de
l'observatoire Air Rhône-Alpes, nous dépassons très régulièrement
les seuils autorisés. Une des principales raisons est le trafic voiture qui ne cesse d'augmenter, dans toutes les directions en
sortie de ville et des camions sur l'autoroute.
Le SCoT
(Schéma de Cohérence Territoriale) du bassin annécien, approuvé
le 26 février 2014, prévoit
une croissance démographique de 2010 à 2030
d’environ 20%.
Pour, la rive ouest, le secteur que
je connais le mieux , déjà saturé, deux options sont
envisageables, mais elles n'auront pas les mêmes conséquences :
Le tunnel sous le Semnoz : le
plus coûteux
Le percement d'un tunnel permettrait de délester
une partie du trafic voitures et camions sur Annecy et Sevrier, Le
dispositif, selon le Conseil Général, serait accompagné d'un BHNS
(Bus à Haut Niveau de Service) de Faverges à Annecy en voie
réservée sur une bonne partie de Saint-Jorioz, et pas du tout au
delà de Duingt vers Faverges . Ainsi à partir de Duingt la
route serait hyper saturée en heure de pointe (HP) en
passant de 1900 à environ 2600 véhicules / h, du fait du
cumul résultant de la croissance démographique et du trafic
induit de plus de 30% par le tunnel qui sera raccordé aux
routes à fort trafic et à l'entrée de l'autoroute A41.
Par analogie avec le coût réel d'autres projets
récents réalisés sur le territoire national, le tunnel de 2,9 km
plus les accès et le « BHNS » avoisineraient les 500
M€ dont seulement 51 M€ pour les TC, soit 10% !
De plus, le supplément de trafic imposerait, de
toute évidence, le doublement de la route de Sévrier à Faverges
(déjà envisagé par les « tout voiture » avant 1998)
impliquant un autre tunnel vers Duingt !
Cette solution ne fera qu'empirer les problèmes de
pollution déjà à des taux inacceptables, il ne fera pas bon vivre
dans le bassin annécien.
Un transport en commun en site propre et performant
Cette solution consisterait à abandonner le
projet de tunnel et à absorber la croissance des déplacements d'ici
à 2030 par des transports en commun suffisamment attractifs, donc
en site propre intégral, sous forme de Bus à Haut Niveau de
Service ou de tram-trains. Pour «apaiser» le trafic de 2030 par
rapport à l’actuel, le TC répondant aux 10 principaux critères
d’attractivité incontournables pour obtenir une part de report de
trafic de 34% ne peut être, compte tenu du niveau de qualité
attendu par les usagers de la rive ouest (habitués au confort du
« tout voiture »), qu’un tramway, offrant la fréquence,
la fiabilité, la longueur variable des rames selon la demande,
l’interconnexion directe pour Genève, Aix les bains, etc., le
confort, le prix, etc.) .
Le coût de la voie ferrée bidirectionnelle
(engazonnée) longeant la « voie verte » (dont l’emprise
globale au sol naturel d’au-moins 10 m permet de mettre côte à
côte la voie verte et la voie de tramway) serait, en 1ère
phase d’Annecy gare à Duingt, de l’ordre de 120 M€ soit 25% de
la solution en tunnel ! Le prolongement jusqu'à Faverges et
même Albertville en comparaison de coût devient tout à fait
réalisable.
Cette solution serait nettement moins onéreuse
que le tunnel et apporterait une réponse fiable à tous ceux qui
souhaiteraient laisser la voiture et cesser de contribuer malgré eux
à l'élévation des taux de pollution.
Mais alors que fait-on des camions ?
Une grosse part du trafic camion de la Savoie est
un trafic de transit entre la France et l'Italie. A
l'automne dernier un groupe d'élus, dont moi même, avons déposé
plainte pour mise en danger de la vie d'autrui. En effet, la
pollution induite par ce trafic impact directement la qualité de
l'air de nos régions et donc de notre environnement quotidien.
Actuellement, le tunnel ferroviaire existant du Mont-Cenis n'est qu'à
20% d'exploitation de son potentiel. Les infrastructures pour
augmenter le transfère des camions sur les trains ne sont jamais
réalisées. Ce jeudi, un très grand nombre de citoyens nous ont
rejoint et nous sommes allés déposer collectivement leurs plaintes
au tribunal.de Grande Instance de Chambéry. La solution pour les camions, mis à part la déserte locale, ce n'est pas la route ni les tunnels routiers.
Dès demain on peut changer les choses sur la rive ouest du lac.Avec le Parc Naturel Régional du Massif des Bauges, où je suis présidente de la commission « Energie, Mobilité, Plan Climat » on a analysé notre contexte et on a étudié différentes solutions adoptées ailleurs.
Alors que le covoiturage s'organise un peu partout, il est assez difficile à mettre en place sur ce secteur, car beaucoup de salariées sont des cadres, des professions libérales, des enseignants... qui ont des horaires irréguliers suivant les jours ou qui n'ont pas des heures de retour stables, que ce soit dans le sens Annecy/Faverges ou dans l'autre. Par contre il y a peu de dispersion spatiale, tout le monde suit le même axe. Nous devons donc trouver une solution où le covoiturage de l'aller ne soit pas forcément le même que le retour. De fil en aiguille pour une plus grande souplesse d'horaires et d'organisation nous en sommes arrivées au « stop-amélioré » qui est pratiqué dans quelques secteurs en France que nous avons étudié.
Le « Stop-Amélioré » consiste à s'inscrire à la démarche et à recevoir un badge à mettre sur sa voiture, un brassard et une ardoise avec les destinations pré-inscrites. Il faut définir les points de pose et dépose des passagers les plus pertinents et sécurisés. Plus de gens participeront, plus le temps d'attente sera réduit ; Un jour on est chauffeur car on a absolument besoin de sa voiture, mais bien souvent on accepte de se mettre passager sur les points de ramassage. On perd un peu en autonomie de mobilité, mais on permet de réduire le trafic, la pollution et certainement le temps de trajet, si le nombre de véhicules diminue suffisamment.
Cette proposition, nous l'expérimenterons en septembre et j'espère que les habitants du bord du lac comprendront tout l'intérêt de s'y investir dès le démarrage.
Merci à Edmond LUCA et Bernard CROSET pour leurs éléments chiffrés.
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